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AMADABLAM

COLLECTION PRINTEMPS ÉTÉ 2019

Pour cette collection, toujours dans cette notion de quête spirituelle, je me suis inspirée du Tibet, ce « paradis perdu que seul le Tibet a su préserver parce qu’il n’a pas été colonisé par l’Occident » Nathalie Gautard, ethnologue Les danses sacrées du Tibet: une méditation en mouvement.
Les Tibétains aspirent à un mode de vie saint, simple à la recherche d’une sorte de libération, de purification.

Dans le film « la montagne sacrée » Jodorowsky dénonce des gens sans scrupules qui détruisent toute notion d’humanité ou de spiritualité pour donner naissance à un ultra-matérialisme, mais face à ce matérialisme, une spiritualité apparaît à travers l’alchimiste qui invite le vagabond à une marche spirituelle en quête d’immortalité. Au fur et à mesure que le film avance, les personnages passent d’un environnement surchargé et très coloré à une atmosphère très calme, aux couleurs désaturées, un dépouillement total, les personnages se mettent nus pour aller à l’essence d’eux-même.

À la manière de Jodorowsky, je souhaite aller à l’encontre de notre société de consommation abusive actuelle en redonnant vie à de vieux vêtements. Donner une « vie éternelle » aux vêtements, à la matière comme l’aspirent les personnages de la montagne sacrée.

Je souhaite confronter deux univers, celui de notre société occidentale en utilisant des vestes et costumes de tailleurs (despièces qui sont l’arc type occidental) avec la culture tibétaine en venant créer des drapés et des juxtapositions avec ces pièces de tailleur.

Chaque pièce est déconstruite, décousue pour être reconstruite. C’est une sorte de déconstruction du genre masculin pour un genre féminin. Je pars d’un vêtement homme à la connotation stricte et formelle pour arriver à une pièce fluide drapée très féminine.

La déconstruction pour la reconstruction ou déconstruire pour mieux reconstruire est un concept récurrent dans l’art, notamment à la période cubiste où les peintres comme Picasso et Braque remplacent la forme par des plans et des facettes. Ils transforment la représentation pour créer de nouveaux ensembles avec des éléments empruntés à la réalité de la vision.

L’up-cycling est une solution qui est tout à fait en adéquation avec la culture tibétaine très frugale. En effet, les tibétains vivent de manière très simple, ils réutilisent beaucoup de matières pour se fabriquer des vêtements. Chaque vêtement a une symbolique très forte pour eux. Le fait d’utiliser des vêtements de seconde main apporte un aspect unique à la pièce, une touche personnelle avec des vêtements qui racontent une histoire. On pourrait imaginer une cliente qui souhaiterait se faire faire une tenue avec des vêtements appartenant à une personne qui lui est chère.

Le recyclage permet aussi de réduire l’impact de l’industrie textile sur la planète qui est la deuxième plus polluante au monde.

Formellement, ma collection reprend l’esprit des Kesa ou chougu (robe traditionnelle des moines bouddhistes), des saris, des toges, avec des grands drapés. On retrouve également de l’asymétrie comme sur les tenues traditionnelles où l’une des épaules est découverte. Pour se rapprocher de la pureté, les couleurs sont très claires dans les tons de beige. Bien que les moines tibétains portent des toges orangées et bordeaux le blanc reste la couleur de la pureté. La « HADA » est une écharpe blanche ; c’est le don le plus précieux qu’on puisse recevoir au Tibet. Les silhouettes de ma collection sont surmontées d’une imposante coiffe inspirée des cornes de Yaks et portent des mules en cheveux reprenant l’idée des longs poils de Yaks. Le Yak étant un animal emblématique du Tibet, les Tibétains eux-mêmes aiment jouer avec sa représentation dans leurs tenues.

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